Tuesday, October 8, 2013

Une brève histoire de l'hindouisme I - La religion védique

Vous aurez peut-être deviné que j'ai une passion énorme pour la religion hindoue. Oh, je ne suis pas hindoue moi-même (en fait je ne me réclame pas d'une religion), mais l'hindouisme, en particulier le vedanta, est l'une des deux traditions religieuses qui guide ma vie avec le christianisme. Et puisque je vais beaucoup parler de l'hindouisme et du vedanta dans ce blog j'ai pensé qu'en faire une brève histoire (très simplifiée) aurait son utilité. Avertissement par contre: l'histoire que je vais raconter l'est du point de vue d'une personne extérieure à cette culture, avec tout le biais que ça peux impliquer.

Le début de l'histoire indienne est caractérisée par le contact entre deux civilization. En effet, des nomades venus de Russie et de Turquie, que nous appelerons les Aryens, s'installe progressivement dans la vallée du fleuve Indus, où se trouve déjà une civilisation urbaine et relativement avancée. On a longtemps cru qu'il y avait eu conquête de la part des Aryens, mais ce fut plutôt une longue période d'acclimatation des deux nations qui a eu lieu, la civilisation de l'Indus s'éteignant graduellement pour des raisons climatiques et la civilisation aryenne prenant le relais. C'est cette rencontre qui a donnée naissance à la nation indienne.

Côté religion, chacune des deux nations a aussi apporté sa contribution à ce qu'on appelle aujourd'hui la religion védique (ou le brahmanisme) qui est l'ancêtre de l'hindouisme. C'était une religion dominé par un panthéon de dieux reliés aux forces de la nature, tel Indra (orage), Agni (feu) et Varuna (eau). Le rituel de sacrifice occupait une grande place, et ces rituels étaient accompagnés de chants en sanskrit et de la consommation d'un breuvage psychotrope nommé soma. C'est un receuil de ces chants rituels, les samhitas, qui forme la première partie des Vedas, les écritures considérées comme révélées par tous les hindous.

Indra


La plupart des samhitas sont simplement des hymnes à la gloire des dieux, relatant leur puissance et leurs exploits, et demandant leur faveur. Au sommet de ce panthéon se trouve Indra, roi des dieux, qui a acquis ce titre en défaisant le terrible dragon Vritra, qui retenait prisonnière toute l'eau de la terre. Voici un exemple d'hymne de glorification trouvé dans le Rigveda:

INDRA, great in his power and might, and like Parjanya rich in rain,Is magnified by Vatsa's lauds.When the priests, strengthening the Son of Holy Law, present their gifts,Singers with Order's hymn of praiser.Since Kaṇvas with their lauds have made Indra complete the sacrifice.Words are their own appropriate arms.Before his hot displeasure all the peoples, all the men, bow down,As rivers bow them to the sea.This power of his shone brightly forth when Indra brought together, likeA skin, the worlds of heaven and earth.The fiercely-moving Vṛtra's head he severed with his thunderbolt,His mighty hundred-knotted bolt.Here are-we sing them loudly forth-our thoughts among-the best of songs.Even lightnings like the blaze of fire.When bidden thoughts, spontaneously advancing, glow, and with the streamOf sacrifice the Kaṇvas shine.Indra, may we obtain that wealth in horses and in herds of cows,And prayer that may be noticed first. 

- Rig Veda, traduction  de Griffiths

Toutefois, parmi tout ces hymnes certains abordent des sujets beaucoup plus mystiques et cosmogonique. Un des plus célèbre est le Purusha Sukta, où la création de l'univers est associée au sacrifice de l'Homme Primordial, dont les parties du corps deviennent les éléments de l'univers. Mon hymne védique favori reste toutefois le très mystérieux Nasadiya Sukta, où on voit apparaître l'idée d'un Dieu unique qui précède et surpasse Indra et les autres dieux.

Ni le non-être l’existait alors, ni l’être. Il n’existait l’espace aérien, ni le firmament au-delà. Qu’est-ce qui se mouvait puissamment. Où? Sous la garde de qui? Était-ce de l’eau, insondablement profonde? 
Il n’existait en ce temps ni mort, ni non-mort; il n’y avait pas de signe distinctif pour la nuit ou le jour. L’Un respirait de son propre élan, sans qu’il n’y ait de souffle. En dehors de cela, il n’existait rien d’autre. 
À l’origine, les ténèbres étaient cachées par les ténèbres. Cet univers n’était qu’onde indistincte. Alors, par la puissance de l’Ardeur, l’Un prit naissance, principe vide et recouvert de vacuité. 
Le Désir en fut le développement originel, Désir qui a été la semence première de la conscience. Enquêtant en eux-même, les poètes surent découvrir par leur réflexion le lien de l’être dans le non-être. 
Leur corde était tendue en transversale. Qu’est-ce qui était au-dessous? Qu’est-ce qui était au-dessus? Il y avait des donneurs de semence, il y avait des pouvoirs. L’élan spontané était en bas, le don de soi était en haut. 
Qui sait en vérité, qui pourrait ici proclamer d’où est née, d’où vient cette création secondaire? Les dieux (sont nés) après par la création secondaire de notre monde. Mais qui sait d’où celle-ci même est issue? 
Cette création secondaire, d’où elle est issue, si elle a fait l’objet ou non d’une institution, celui qui surveille ce monde au plus haut firmament le sait seul, à moins qu’il ne le sache pas? 
Nasadiya Sukta, traduction de Louis Renou

La seconde partie des Vedas, les brahamanas, consiste en une série d'instructions adressées aux prêtres pour le bon déroulement des sacrifices. C'est dans la troisième partie des Veda, les Aranyakas qu'on commencé à apparaître les premières traces de ce qu'allait devenir l'hindouisme, car ils sont des instructions pour la vie monastique. Toutefois, c'est véritablement la révélation de la 4e partie des Veda, les Upanishads, qui allait marquer le véritable début de la religion à proprement dire "hindoue".

À suivre!




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