Sunday, March 17, 2013

Lettre à Jésus


Salut grand frère!

Je me sens un petit peu drôle en ce moment parce que je fais quelque chose que je ne fais pas vraiment souvent, c'est à dire parler à quelqu'un qui n'est pas devant moi. Tu sais moi et la prière... j'ai toujours l'impression de me parler à moi même de façon vaniteuse quand je le fais. J'aurai peut-être cette impression parfois en t'écrivant. Pardonne-moi!

Pourquoi diantre est-ce que je t'écrie cette lettre? C'est une idée saugrenue qui m'est venue dans le métro. Le trajet pour me rendre au travail me prend 20 minutes, matin et soir. C'est toujours un moment privilégié pour une petite lecture spirituelle ou un peu de réflexion. Et voilà un après midi je lisais “l'histoire d'une âme” de Thérèse de Lisieux et elle-même te parlais dans le livre, avec tant d'amour. Et c'est venu m'ébranler intérieurement, car je sais très bien que je ne suis pas une grande émotive et que je ne ressenterai jamais une telle forme d'amour envers toi. Mais je réalise que ce n'est pas mon rôle ici-bas! Je suis une intellectuelle, une personne d'idées. Ma relation avec toi se situe plus au niveau de la raison que de l'émotion, comme une élève envers son prof, une disciple auprès de son gourou, et cette relation me convient très bien, une petit soeur envers son grand frère sage. C'est une belle relation.

Alors voilà j'ai décidé d'écrire une lettre à chacun de ceux qui ont eu une influence importante dans mon parcours sipirituel. Et je commence avec toi parce c'est avec toi que tout a commencé. Pendant une grande partie de ma vie tu été un monsieur gentil pour qui on fêtait Noël et Paques, et rien de plus. Mais au début de ma vingtaine, alors que je me sentais perdue et que je ne voyais rien de beau dans mon avenir, je suis tombé sur un livre rempli de tes paroles. Et tes premiers mots dans ce petit livre étaient ceux-ci.

Si ceux qui vous guident vous disent : voici, le Royaume est dans le ciel, alors les oiseaux du ciel vous devanceront. S’ils vous disent : il est dans la mer, alors les poissons vous précéderont ; mais le Royaume est au dedans de vous et il est au dehors de vous. Lorsque vous vous connaîtrez, vous serez connus et vous saurez que vous êtes les fils du Père qui est vivant ; mais si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté et vous êtes la pauvreté.

Ce sont probablement les mots qui ont changé ma vie. Aujourd'hui, je suis capable de les réciter par coeur, ils sont presque un mantra pour moi. Car par ces simples petits mots tu m'a lancée sur une quête; puisque ma vie était vide de sens, aussi bien la remplir à essayer de résoudre cette énigme que tu mettais devant mes yeux, même si elle ne menais peut-être qu'à un cul-de-sac. Je suis encore engagée dans cette quête aujourd'hui et je dois te dire que l'aventure est plus merveilleuse que j'aurais jamais plus l'imaginer. Pendant un temps tu y as été mon unique guide, aujourd'hui j'en ai plusieurs, à qui j'écrirai aussi. Mais malgré tout, tu sera toujours celui qui m'a ouvert la porte en premier.

Il y a quelques temps, sur un forum de discussion que je fréquente parfois, un type soulevait un questionnement qui se résumait à ceci: qui est-il ce Jésus pour que lui accordiez tant de place, alors qu'on sait si peu sur lui? Et effectivement, on en sait si peu pour toi. Tiens, ce simple nom, Jésus, il ne dirais probablement pas grand chose. Tu étais Yeshua ben Yosef, un juif de Galilée qui a voyagé, enseigné, côtoyé pauvres et exclus. Tu as été accusé de sédition et on t'a tué. Pour le reste, il n'y a plus beaucoup de certitude. Quatre types ayant vécu des décénnies après toi ont fait ta biographie, mais on sait bien qu'elles contiennent des détails fictifs, autant dans tes paroles que tes gestes. Certains disent que tu es physiquement ressucité après 3 jours, mais tout ça n'a plus vraiment de sens ni d'importance dans notre monde de science.

Après ta mort, plusieurs de tes disciples ont vécu une expérience profonde, qu'on désgine aujourd'hui comme étant la Résurrection. De quelle nature était cette résurrection? Personne, ni mêmes tes évangélistes ne s'entendent sur le sujet. Et si, tout simplement, les disciples avaient tout simplement vécu une expérience mystique où il ont réalisé que tu continuais de marcher à leur côtés? Tu continuais de les enseigner et encore plus merveilleux, maintenant libre d'un corps physique tu prenais un visage différent pour chacun. Un passage dans un vieux livre oublié dis ceci de toi:

Jésus les a tous pris grâce à un subterfuge, car il n’est pas apparu tel  qu’il était, mais c’est tel qu’on serait capable de le voir qu’il s’est montré. C’est à tous qu’il est apparu. Il est apparu aux grands sous l’aspect d’un grand, il est apparu aux petits sous l’aspect d’un petit ; il est apparu aux anges sous l’aspect d’un ange et aux hommes sous l’aspect d’un homme. C’est pourquoi son Verbe est resté caché à tous. Certains l’ont vu en croyant se voir  eux-mêmes. Mais lorsqu’il apparut en gloire à ses disciples sur la montagne, il n’était pas petit. Il devint grand, mais pour qu’ils le puissent voir grand, il fit grandir ses disciples.

Ce passage m'a beaucoup aidé à comprendre qui tu étais pour moi. Ainsi, tu te montre à chacun de nous sous un différent visage jusqu'à en être un miroir pour nous-même. Regarder ce qu'il y a de plus grand en toi, c'est regarder ce qu'il y a de plus grand en nous et que nous refusons devoir. C'est vers cette réalisation que tu as voulu nous guider. En fait, la réalisation inéluctable est même celle-ci: quand tu vient habiter en nous, nous ne faisons qu'un avec toi. C'est peut-être ce qu'avait compris le Thomas de l'évangile de Thomas. Celui-ci est même appelé Didyme, c'est à dire le Jumeau.

Ce Père que tu priais, ce Dieu dont parlent les mystiques et qui transcende toute forme et tout concept, je n'ai jamais vraiment pu avoir une relation avec lui. Trop insoutenable, trop invisible... hé oui comme ce fameux Thomas j'ai besoin de voir pour croire. Alors permet-moi à la place, cher frère, de voir ton visage, de voir ta main, d'entendre ta voix, de grandir dans ta sagesse. Permet moi de voir en toi Dieu qui, voyant mon incapacité à l'approcher, est venu vers moi et s'est fait mon ami. Tu vois le meilleur en moi, tu ES le meilleur en moi. Donne moi le courage de le manifester au meilleur de moi-même.

Merci!

Élyse