Sunday, October 24, 2010

Évangile de Thomas: la quête

Jésus a dit :

Celui qui découvrira le sens de ces paroles ne goûtera pas à la mort.

Que celui qui cherche n’arrête pas de chercher, jusqu’à ce qu’il trouve. Quand il aura trouvé, il sera bouleversé et, étant bouleversé il sera émerveillé et il règnera sur le Tout.

Si vos guides vous disent que le Royaume est dans le ciel, alors les oiseaux du ciel vous devanceront. S’ils vous disent qu’il est dans la mer, alors les poissons vous devanceront. Mais le Royaume est en vous et hors de vous. Quand vous vous serez connu, alors vous serez connus et vous saurez que vous êtes les enfants du Père Vivant. Mais si vous ne vous connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté, vous êtes la pauvreté.

Que l’homme âgé n’hésite pas à interroger un enfant de sept jours sur le lieu de la Vie et il vivra, parce que beaucoup des premiers seront les derniers et ils seront Un.


- Évangile de Thomas, 2-4

En 2002, comme bien des jeunes de 20 ans, je commencais l’université, je travaillais dans un dépanneur la fin de semaine et je me souciais bien peu de la spiritualité. Je ne peux pas dire que j’étais athée… je croyais en une réalité spirituelle que la science ne pouvait expliquer. Mais je ne croyais pas en Dieu, ou du moins je ne croyais pas en la seule conception de Dieu que l’on m’avait présentée jusque-là.

J’avais un grand respect pour Jésus. Sans trop connaître en détail ses gestes et paroles, j’avais tout de même une idée générale du genre d’homme qu’il était et je le considérais comme un être humain admirable, sans plus. Mais il suscitait ma curiosité, comme tous les grands personnages de l’histoire qui ont un « côté secret ». C’est pourquoi j’ai eu envie d’aller lire cet évangile « interdit » sur internet.

Hors, dès les premières lignes, celles qui sont reproduites ci-haut, j’ai constaté que j’avais affaire à un document vraiment spécial! Il se présentait comme une énigme; en trouver le sens offrait la clé pour le plus grand rêve de l’humanité : l’immortalité. On devinera que Jésus ne parle pas du corps physique ici!

La devise de Socrate
Malgré ma relative ignorance du langage religieux, certaines des idées contenues dans ces quelques paroles m’étaient familières. Tiens, le «connais-toi toi-même»… j’avais entendu cette phrase dans mes cours de philo du cégep. En effet, il s’agit ici de la devise de Socrate, qui lui avait été donnée par l’Oracle de Delphes. Mais bon, on est au cégep et on se dit « ben, c’mon, j’me connais là tsé » et on passe à autre chose.

Le mot Royaume aussi m’était familier, je l’avais entendu dans mes cours de catéchèse. C’était un concept flou que les profs n’expliquaient jamais très bien. J’avais une vague notion qu’il s’agissait du paradis, images kétaines de nuages et d’anges chantants en prime.

Toutefois, ce qui m’a interpellée le plus c’était que Jésus parlait ici d’une quête. Une quête? Pourtant on ne m’avait jamais présenté la spiritualité comme ca. La religion, c’était aller à l’église se faire dire un sermon par un curé. Pas énormément de recherche à faire là-dedans. Une quête? L’idée évoque quelque chose de nouveau et excitant, elle appelle au côté aventurier de l’être humain. Elle évoque des contes avec de grands paysages, des mystères et des dangers inattendus, un trésor fabuleux.

Présentée ainsi comme une quête, la vie spirituelle prend un tout autre sens. Elle devient porteuse d’un espoir nouveau, celui d’être étonnée! Oh, il y a risque d’être bouleversée aussi, mais ca fait partie de tout conte intéressant. Et quelle était pour moi la partie la plus étonnante, voire bouleversante des ces quelques premiers mots de l’Évangile de Thomas?

Le fait que pour Jésus, se connaître soi-même, c’est reconnaître que non seulement nous sommes enfants de Dieu, mais nous faisons Un avec lui. Attaboy!

Aldous Huxley
L’idée est vieille et universelle. Les mystiques de toutes les religions l’ont mentionnée, des moines chrétiens aux yogis hindous aux sages soufis. C’est ce que l’auteur et penseur Aldous Huxley, constatant la présence de l'expérience unitive dans toutes les cultures du monde, a nommé la philosophie péréniale. Car à travers tous les rituels, les clergés, les lois, les dieux qui ont décoré l’histoire humaine, la quête de l’union de l’Être avec Dieu est le fond commun.

Mais bien sûr, je ne savais rien de tout ca à l’époque. Mais le concept était tout rafraîchissant pour moi. Il venait appeler à quelques intuitions que j’avais déjà eues par rapport à ma place dans l’univers.

Pas longtemps après ca j’ai acheté ma première Bible. Pas pour des raisons religieuses en fait, mais seulement par curiosité intellectuelle. J’avais envie d’aller lire plus en détail l’histoire de Jésus. Je ne m’en rendais pas encore compte, mais ce jour là une graine avait été semée dans un bon terreau.

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