Monday, December 6, 2010

Le Sermon de la Flèche (partie 1)

Quel doit être le but de la pratique religieuse? C’est une grosse question, car la spiritualité peut  facilement se retrouver au cœur de toutes les sphères de l’existence, de la simple relation entre deux individus aux grands questionnements universels. Il est donc facile de perdre le focus et d’oublier la raison profonde de sa quête spirituelle. Le texte qui que je vous présenterai dans les prochains jours, l’un des plus connus du bouddhisme, tente une réponse pleine de lucidité!

Un jour, alors que le moine Malunkyaputta était dans une méditation solitaire, l'idée suivante lui vint à la pensée: « L'univers est-il éternel ou est-il non éternel? L'univers a-t-il une limite ou est-il sans limite? Le principe vital est-il la même chose que le corps ou le principe vital est-il une chose et le corps une autre chose? Existe-t-il et à la fois n'existe-t-il pas après la mort? Ou bien est-il non existant et à la fois pas non existant après la mort ? 

Ces problèmes sont inexpliqués, laissés de côté et rejetés par le Bienheureux. Le Bienheureux ne me les explique pas. Le fait qu'il ne les explique pas ne me plaît pas. Je n'apprécie pas. 


J'approcherai le Bienheureux et je l'interrogerai à ce propos. S'il m'explique si l'univers est éternel ou non éternel, si l'univers a une limite ou s'il est sans limite (...) alors je pratiquerai la Conduite pure sous la direction du Bienheureux. S'il ne m'explique pas si l'univers est éternel ou non éternel, si l'univers a une limite ou s'il est sans limite (...) alors en rejetant l'entraînement je redescendrai dans la vie non-religieuse. »


Dans l'après-midi, s'étant levé de sa méditation solitaire, le moine Malunkyaputta s'approcha du Bienheureux. S'étant approché, il rendit hommage au Bienheureux, puis s'assit à l'écart sur un côté et dit: « O Bienheureux, si le Bienheureux sait que l'univers est éternel, qu'il me le dise. Si le Bienheureux sait que l'univers n'est pas éternel, qu'il me le dise. Si le Bienheureux ne sait pas si l'univers est éternel ou non, alors quand une personne ne sait pas, ne voit pas, elle doit dire par honnêteté: "Je ne sais pas, je ne vois pas." »

On voit ici que pour Malunkyaputta, le but de la pratique religieuse est de répondre aux grandes questions sur la nature de la vie, de l’âme de l’univers. Et il ressent de la colère de ne pas avoir les réponses. Je crois que cette frustration est vécue par la plupart d’entre nous à certains moments de nos vies. Parce que les religions n’offrent rien de définitif, parce qu’elles nous laissent souvent plus de silences que de réponses, parce que chaque réponse apporte trois autres questions, parce que nous sommes impatients, parce que nous comprenons pas pourquoi nous sommes si limités et si bêtes, etc. Et de cette frustration ressort souvent l’envie de tout sacrer là, d’envoyer paître tout ça et de s’écraser devant les nouvelles à la télé. Les commentateurs de l’actualité semblent tout savoir et avoir une solution pour tout. Pourquoi l'Univers ne peut pas les imiter et nous expliquer son fonctionnement et ses secrets au bulletin de 18h?

On se doute bien évidemment que le Bouddha saura bien apaiser tout les questionnements de Malunkyaputta! Mais comment?

Sa réponse est passé à l’histoire… à suivre bientôt!

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