Saturday, December 15, 2012

Bhagavad Gita: Le champ de nos batailles

Plusieurs de mes prochains articles porterons sur la Bhagavad Gita, probablement le texte le plus influent de l'hindouisme et le plus beau cadeau que cette religion ait fait à l'humanité. Et, à mon avis, un des textes sacrés qui vieillit le mieux, toutes religions confondues!

Alors réglons la question tout de suite: oui, la Gita se déroule sur un champ de bataille. Et oui, tout au long du livre, Krishna va pousser son ami Arjuna à se battre. Est-ce à dire que la Gita est un texte qui encourage la violence? Absurde! Même une lecture superficielle de la Gita rend évidente le fait que ses enseignement guident vers la non-violence. Il faut simplement comprendre que la Gita, tout comme la Torah et les autres mythes religieux, a été écrite à une époque où la guerre faisait partie intégrante de la société, faisait partie intégrante du langage que les gens parlaient. Bien sûr la guerre dont il est question dans la Gita et dans le Mahabharata (la grande épopée où se déroule la Gita) n'a pas vraiment eu lieu. Elle est plutôt une représentation mythique de la guerre intérieure que chaque individu doit mener au cours de sa vie. Guerre contre quoi? Il y a possiblement autant d'ennemis qu'il y a d'êtres humains.

Arjuna est l'un des Pandavas, cinq princes qui se sont fait voler leur royaume par leur propres cousins, les Kauravas. Cette guerre fratricide dure depuis des années et chaque clan du pays a choisi son côté, celui des Pandavas ou celui des Kauravas. Tous sauf un, les Yadavas, le clan de Krishna. Évidemment, si vous avez déjà lu certain de mes post précédents, vous savez que pour les hindous Krishna n'est nul autre que l'incarnation de Dieu même.

Sa divine nature l'oblige à un peu de neutralité, alors Krishna fait une offre aux deux parties: il offrira son armée à une et sa présence personnelle à l'autre. Les Kauravas choississent l'armée. Les Pandavas choississent d'avoir Krishna de leur bord. Krishna refuse de prendre les armes, mais il sera le conducteur de chariot d'Arjuna. Hé oui, Arjuna a fait le sage choix de laisser Dieu lui même guider les rênes de sa vie!


Nous en somme au dernier acte de cette longue guerre. Elle va se terminer dans les heures qui vont suivre, sur la plaine de Kurukshetra. Les généraux de chaque côté font sonner leur conches, ces coquillages qui produisent un bruit tonitruant quand on souffle dedans. Arjuna demande à Krishna d'approcher le char du camp adverse, pour voir les forces en présences. Et ce qu'il voit lui glace le sang.

Voyant aussi les beaux-pères, les compagnons, et tous ses parentés se trouvant dans les rangs de deux armées, Arjuna fut envahi d’une grande compassion et dit douloureusement : O Kŗşna, voyant tous mes proches rangés désireux de se battre, mes membres fléchissent et ma bouche se dessèche. Mon corps tremble et mes cheveux se dressent.


L’arc me glisse des mains et ma peau brûle intensément. Ma tête est prise de vertige, je me sens incapable de me tenir debout, et O Kŗşna, je ne vois que funestes présages. Je ne vois pas l’utilité de tuer mes parentés dans cette guerre.
Je ne désire pas la victoire, ni les plaisirs, ni royaume, O Kŗşna. A quoi bon le pouvoir, ou les plaisirs, ou même la vie, O Kŗşna ? Car, tous ceux pour qui nous désirons le royaume, les jouissances et les plaisirs sont rangés ici en bataille, renonçant  à leur vie et à leurs richesses.


Il serait préférable pour moi que les fils de Dhrtarâstra me tuent dans la bataille les armes en mains, pendant que je suis désarmé et sans résistance.
(...)
Ayant dit ceci en plein champ de bataille, abandonnant arc et flèches, Arjuna s’assit dans son char l’esprit accablé de douleur.
- Bhagavad Gita, chapitre 1

Allégoriquement, nous somme tous Arjuna et Dieu est constamment à nos côtés à travers nos combats. Combat contre nous même d'une certaine façon, tout comme Arjuna se voit lui-même dans les membres de sa famille qui sont dans le camp ennemi. Nous sommes libres de se laisser conduire par lui à travers ce combat, vers la paix. Ou nous pouvons baisser les bras. Mais même quand nous le faisons, Dieu ne nous abandonne pas. Il sourit et nous enseigne. C'est ce que fera Krishna dans le magnifique 2e chapitre de la Gita, que je présenterai plus tard!

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