Ceux qui rendent un culte aux faux dieux perdent toute chance de salut.
Or, en lisant une autre traduction hier, la Nouvelle Segond, quelle fut ma surprise de voir ceci
Ceux qui s'attachent à des futilités illusoires éloignent d'eux la fidélité.
Que c’est beau, et comme cette façon de voir le verset garde toute son actualité aujourd’hui! Encore une fois cette traduction me renverse. Par curiosité, voici d’autres traductions. On peut voir que c’est un passage qui est loin de faire l’unanimité! Que j’aimerais pouvoir comprendre l’original hébreux!
Les fanatiques des vaines idoles, qu'ils renoncent à leur dévotion ! (TOB, qui en fait une injonction)
Ceux qui s'attachent à de vaines idoles éloignent d'eux la bienveillance. (Colombe)
Les conservateurs de fumées vaines abandonnent leur chérissement. (Chouraqui, quelle étrange beauté rappelant le Qohélet)
Ceux qui révèrent des idoles menteuses, ceux-là font bon marché de leur salut. (Rabbinat)
La palme de la traduction la plus étrange revient, comme à l’habitude, à la Bayard :
Ceux qui s’attachent aux souffles des vanités peuvent-ils abandonner leurs liens incestueux?
Mais bon, assez de chichi, retournons à notre pauvre Jonas! Alors voilà, Dieu force le poisson à recracher son repas et relance son ordre à Jonas « Va dire aux gens de Ninive qu’ils en ont pour 40 jours à vivre ». Cette fois, Jonas est déterminé : « bwahah, j’y vais cette fois leur dire à ces connards qu’il vont y passer » se dit-il sûrement. Alors voilà donc notre Jonas en train de parcourir la ville en criant la sentence de Dieu. Il s’attend probablement à ne pas être écouté, ou bien à se faire rire de lui ou même tapper dessus. Mais voilà, l’histoire prend une tournure toute autre.
Ninive |
Les habitants de la ville prirent au sérieux la parole de Dieu. Ils décidèrent de jeûner et chacun, du plus riche au plus pauvre, revêtit des étoffes de deuil. Quand le roi de Ninive fut informé de ce qui se passait, il descendit de son trône, ôta son habit royal, se couvrit d'une étoffe de deuil et s'assit sur de la cendre. Puis il fit proclamer dans la ville ce décret : « Par ordre du roi et de ses ministres, il est interdit aux hommes et au gros et petit bétail de manger quoi que ce soit et de boire. Hommes et bêtes doivent être couverts d'étoffes de deuil. Que chacun appelle Dieu au secours de toutes ses forces, que chacun renonce à ses mauvaises actions et à la violence qui colle à ses mains. Peut-être qu'ainsi Dieu reviendra sur sa décision, renoncera à sa grande colère et ne nous fera pas mourir. » Dieu vit comment les Ninivites réagissaient : il constata qu'ils renonçaient à leurs mauvaises actions. Il revint alors sur sa décision et n'accomplit pas le malheur dont il les avait menacés.
Suite à cette décision de Dieu, Jonas est pris d’une colère énorme. Il quitte la ville en trombe et va se construire une cabane afin d’observer ce qui s’y passera maintenant. Sa colère et sa honte sont si grandes qu’il demande même à Dieu de lui donner la mort, sur le champ.
« Ah, Seigneur, voilà bien ce que je craignais lorsque j'étais encore dans mon pays et c'est pourquoi je me suis dépêché de fuir vers Tarsis. Je savais que tu es un Dieu bienveillant et compatissant, patient et d'une immense bonté, toujours prêt à revenir sur tes menaces. Eh bien, Seigneur, laisse-moi mourir, car je préfère la mort à la vie.
Combien souvent restons-nous perplexe devant la justice de Dieu? Nous savons que Dieu est Amour, et nous l’aimons pour cela… et pourtant combien de fois souhaiterions nous qu’il agisse selon nos attentes et nos standards? N'y a-t-il pas une petite voix qui nous dis, lorsqu'on lit ce passage, que Dieu est bien bonasse de laisser Ninive s'en sortir si facilement? Le patron de Norbourg s'excuse publiquement à ceux qu'il a fraudés, il plaide coupable, et nous on garde notre coeur de pierre et on lui crache presque dessus. C'est de l'hypocrisie ces excuses, qu'on se dit. Il veut se sauver la face, un tel type ne peut pas vraiment se repentir. Qu'il croupisse en prison... longtemps!
Il est si difficile parfois d'accepter que Dieu est pur Amour. Amour si fort que sa grâce s'obtient en un instant.
Mais plutôt que de lui expliquer le pourquoi de sa décision, ce qui serait une perte de temps parce Jonas n’est pas en humeur pour écouter, Dieu y va d’une parabole vivante. Il fait pousser, dans l’espace d’une nuit, un beau grand arbre (un ricin) au-dessus de la cabane de Jonas; celui-ci lui procure de l’ombre, chose bien précieuse dans le Moyen-orient. Jonas en est bien heureux, et il passe la journée bien étendu sous lui. Ce simple petit arbre, ce simple petit confort, lui fait oublier sa colère et ses soucis… Pour lui, l’arbre devient son seul réconfort. Mais s'il le protège de la chaleur brûlante, symbole de l'inconfort spirituel, il lui cache aussi la lumière, symbole du Divin.
Et puis paf, la nuit suivante, Dieu fait venir un ver qui ronge et tue l’arbre presque instantanément. Plutôt que de se réveiller dans le confort, Jonas se réveille sous la lumière brûlante du Soleil; il est de nouveau face à face avec Dieu Lumière. L’amertume de Jonas est encore plus puissante qu’avant l’arrivée de l’arbre. En effet, il aimait cet arbre, et sa perte le déchire énormément. Alors, encore, Jonas demande à mourir. Et Dieu lui répond cette phrase choc:
Le SEIGNEUR dit : Toi, tu as pitié du ricin qui ne t'a coûté aucune peine et que tu n'as pas fait grandir, qui est né en une nuit et qui a disparu en une nuit. Et moi, je n'aurais pas pitié de Ninive, la grande ville, où il y a plus de cent vingt mille humains qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, et des bêtes en grand nombre !
Le livre se termine sur cette dernière réplique. Qui somme nous, en effet? Qui somme nous pour vouloir nous substituer à Dieu, pour qui chaque être humain est un enfant précieux qu'il a créé, à son image. Il est attaché profondément à chacun d'entre nous. Alors imaginez des milliers, des millions, des milliards! Et il nous connait, il sait que nous ne savons pas ce que nous faisons, que de dinstinguer le bien du mal est souvent au-delà de nos capacités. C'est pourquoi il est si généreux de sa compassion.
On ne saura jamais ce qu'il arrive à Jonas par la suite. Cette histoire n'est que le début de sa relation avec Dieu. Cette relation est en fait un peu le chemin que peut emprunter un individu qui développe et approfondi sa relation avec Dieu. Voyez les étapes que Jonas a traversées:
1. Absence de Dieu dans le quotidien.
2. Appel de Dieu, qui demande un changement de vie et demande qu'on applique sa justice.
3. Fuite de cet appel à cause de son exigence
4. Isolation, sommeil. Vivre en se bouchant les oreilles même si dans le fond, on connait la vérité (contrairement au #1 où on ne la connaissait pas!).
5. Événement qui provoque l’éveil.
6. Honte mais également gratitude face à Dieu.
7. Accomplir la volonté de Dieu.
8. Accomplir la volonté de Dieu, mais avec tant de zèle qu’on commence à y mêler notre propre volonté.
9. Incompréhension, colère face à la réponse divine. Incompatibilité entre les standards humains et les standards divins.
10. Retourner mettre sa joie dans le confort matériel
11. Nouvel appel de Dieu, nouvel événement d’éveil, etc..
Et ainsi de suite et ainsi de suite. L’être humain, comme Jonas, a la tête bien dure! Il aura la chance de vivre d'innombrable éveils et d'innombrable colère dans sa Grande Danse avec Lui!
Pfff, Jonas... c'est moi la vedette! |
Etudianteindigne dit: "Mais il y a une chose qui m'échappe. Dieu dit avoir pitié de Ninive (en comparaison avec l'arbre, etc.). Ce que je me demande: s'Il avait si pitié que ça, pourquoi vouloir détruire Ninive au départ?!"
ReplyDeleteBonne question! En fait, la façon dont le récit est mené laisse presque croire que c'est Jonas que Dieu voulait ramener à lui, pas Ninive. La mission prophétique qu'il lui a donnée a toutes les apparence d'une mise en scène, pour le tester et le confronter à lui-même.
Le virement de capot de Ninive est presque secondaire donc, et on peut même se demander si Dieu avait vraiment l'intention de détruire cette ville. Après tout, si quelqu'un devait savoir d'avance que Ninive allait se repentir, c'est bien Dieu. Non, vraiment, c'est Jonas, c'est l'individu, l'humain, qui est au centre de l'histoire.
Et puis, quand je lis des textes religieux plus anciens, où Dieu est associé des actes de destruction qui nous semblent impensables aujourd'hui, je me rappelle simplement qu'à l'époque plus violente où ils furent écrits, c'était une chose normale et rassurante de conceptualiser Dieu ainsi. Cela n'empêche pas de lire ces textes aujourd'hui et d'y trouver des perles de sagesse.
ReplyDeleteHhai a écrit: "Après tout, si quelqu'un devait savoir d'avance que Ninive allait se repentir, c'est bien Dieu."
ReplyDeleteJe ne crois pas que Dieu sache à l'avance ce qui va se passer, comment nous, humains, allons réagir.
Mais ça, c'est ma théologie du Process...