Le titre complet du livre est « God’s Debris : A Tought Experiment ». Hé oui, notez bien la mention d’expérience de pensée. Car je crois que même les mythes créés il y a des millénaires, tels ceux que je vous ai présentés précédemment, étaient à la base des expériences de pensée de la part de leur auteur, avant que d’autre finissent par les prendre trop au sérieux. L’auteur ici est Scott Adams, qui est très connu pour son comic trip Dilbert. Quand Adams a publié son livre en 2001, il a fallu qu’il se démène pour faire comprendre aux gens que ce n’était pas un livre de Dilbert ni un livre d’humour. Malgré que le ton du livre soit plutôt léger, dans un langage terre à terre, le sujet est très sérieux. Adams prend même la peine d’avertir les gens dans sa préface qu’il s’agit d’un livre provocateur et déconstructeur, et en déconseille la lecture aux gens qui se complaisent dans les idées reçues… autant religieuses que scientifiques!
La science et la religion ne font toujours bon ménage, spécialement depuis quelques décennies. Et nul besoin de vous dire que l’épineuse question de l’origine de l’univers est l’un des points d’achoppe les plus importants. Scott Adams, dans son livre, tente un rapprochement; son mythe de la création unit des éléments scientifiques et mathématiques à des éléments religieux et spirituels. En même temps, il critique fortement les failles de la pensée scientifiques et les failles de la pensée religieuse.
Scott Adams |
Ce qui nous amène enfin à la grande question qui nous mène au mythe, posée par Joblo : « Pourquoi Dieu a-t-il créé l’univers? »
(note : hé oui l’extrait est en anglais, désolée pas de traduction disponible!)
“So what motivates God?” I asked. “Do you have the answer to that question, or are you just yanking my chain?”
“I can conceive of only one challenge for an omnipotent being—the challenge of destroying himself.”
“You think God would want to commit suicide?” I asked.
“I’m not saying he wants anything. I’m saying it’s the only challenge.”
“I think God would prefer to exist than to not exist.”
“That’s thinking like a human, not like a God. You have a fear of death so you assume God would share your preference. But God would have no fears. Existing would be a choice. And there would be no pain of death, nor feelings of guilt or remorse or loss. Those are human feelings, not God feelings. God could simply choose to discontinue existence. (...) But consider this. A God who knew the answer to that question [what happens if I cease to exist] would indeed know everything and have everything. For that reason he would be unmotivated to do anything or create anything. There would be no purpose to act in any way whatsoever. But a God who had one nagging question—what happens if I cease to exist?—might be motivated to find the answer in order to complete his knowledge. And having no fear and no reason to continue existing, he might try it.”
“How would we know either way?”
“We have the answer. It is our existence. The fact that we exist is proof that God is motivated to act in some way. And since only the challenge of self-destruction could interest an omnipotent God, it stands to reason that we are God’s debris.”
(...)
“Are you saying that God blew himself to bits and we’re what’s left?” I asked.
“Not exactly,” he replied.
“Then what?”
“The debris consists of two things. First, there are the smallest elements of matter, many levels below the smallest things scientists have identified.”
(...)
“What’s the second part of the debris?” I asked.
“Probability.”
“So you’re saying that God—an all-powerful being with a consciousness that extends to all things, across all time—consists of nothing but dust and probability?”
“Don’t underestimate it. Probability is an infinitely powerful force. Remember my first question to you, about the coin toss?”
“Yes. You asked why a coin comes up heads half the time.”
“Probability is omnipotent and omnipresent. It influences every coin at any time in any place, instantly. It cannot be shielded or altered. We might see randomness in the outcome of an individual coin toss, but as the number of tosses increases, probability has firm control of the outcome. And probability is not limited to coins and dice and slot machines. Probability is the guiding force of everything in the universe, living or nonliving, near or far, big or small, now or anytime.”
- Scott Adams, God's Debris, Andrew McMeel Publishing, 2001
En bref, dans ce mythe de la création, un Dieu omniprésent et omnipotent n’avait qu’une seule question à répondre, qu’arriverait-il s’il cessait d’exister. Alors il s’est « tué », acte qui l’a séparé en deux éléments : premièrement, toutes les particules physiques élémentaires, et deuxièmement, la probabilité, force motrice première de l’Univers.
Bon, direz-vous, voilà bien une vision froide et peu inspirante de Dieu. Et pourtant, dans les pages qui suivent l’auteur Scott Adams explique comment cette force qu’on appelle « probabilité » a un but bien précis, qui est de recoller les morceaux et de faire renaître Dieu. Comme le vieillard l’explique par la suite, c’est cette force qui a amené les atomes à se former, puis les molécules, puis la matière organique, puis la vie, puis la conscience, puis la société, etc. Plus l’univers s’organisait en des formes de plus en plus complexes, plus la force appelée probabilité a pris des formes plus raffinées, de telle sorte que Dieu est en train de se « recontruire ». Plus les liens se resserent entre les éléments disparates de l’Univers, plus Dieu émerge.
C’est pourquoi il faut, en tant qu’individus et société, travailler également à cette reconstruction en favorisant les relations harmonieuses et durables! Car si nous ne le faisons pas, les « probabilités » sont que nous allons nous éteindre et faire reculer l’avancement de la Conscience. Ce livre n'est qu'une expérience de pensée, mais j'en retiens deux éléments importants. Un, Dieu n'est pas un être immobile et inchangé... il grandit avec nous. Deux, il y a une force dans l'univers, qui agit physiquement, mentalement, collectivement et spirituellement, afin de guérir un univers brisé et le guider vers l'Unité.
Et vous savez ce qui fascinant de ce livre? C'est que malgré qu'il consiste en un brassage d'idée sans égal, le dernier message qu'il nous laisse est de prendre son temps pour s'intéresser aux gens plutôt qu'aux idées. Wow!
Ce livre est disponible gratuitement en format PDF (ici). Je vous le recommande très chaleureusement. C'est un petit livre très court, qui se lit en une soirée, et qui vous fera sérieusement réfléchir et qui sait, changer! Quand je l’ai lu pour la première fois, j’étais en début exploration du monde religieux. Étant mathématicienne et très intéressée aux sciences physique, j’avais toujours un fond de réticence en moi face à l’appel spirituel que je ressentais. God’s Debris a mis mes méninges en ébullion et a contribué a installer la paix entre ces deux côtés de moi!
J'ai déjà lu ce bouquin 1 fois en 2006 en échange en Australie, puis une autre en 2008 et 2010 quand je l'ai acheté en France (mais toujours non traduit) et je pense que je vais le relire. Il est d'une simplicité déconcertante et pourtant la puissance des idées développées est telle, qu'il me faut toujours le relire pour l'absorber réellement. Je suis content de voir que des francophones ont découvert ce livre, et j'aimerais tellement qu'il soit traduit un jour pour le faire partager a mes amis.
ReplyDeleteTrès bel article sur ce bouquin, je vais me le relire tiens ;)