Alors voilà, l’histoire commence avec un quidam nommé Jonas. On ne sait rien de lui à part le nom de son père. Le but est intentionnel : Jonas est un personnage sans histoire, un « gars ben ordinaire, qui fume du pot et boit de la bière ». Rien d’intéressant à raconter à son propos. L’absence d’historique laisse aussi penser à une absence de vie spirituelle dans la vie de cet homme. Sûrement Jonas avait une petite vie bien rangée comme la plupart d’entre nous, dans laquelle il se complaisait. Jusqu’au jour ou Dieu lui apparaît et lui ordonne de façon très directe de se mettre à son service.
« Debout, pars pour Ninive, la grande ville. Prononce des menaces contre elle, car j'en ai assez de voir la méchanceté de ses habitants. »
Et voilà la vie de notre pauvre Jonas complètement chamboulée. Lui qui n’espérait probablement que de manger son pain tranquillement ce soir là, devant la télé (ou plutôt, l’équivalent antique de la télé!). L'appel de Dieu à le servir change la vie radicalement, pas souvent de la façon qu'on voudrait. Les responsabilités sont si lourdes, les commandements semble si irréaliste à suivre!
Ninive était, aux temps bibliques, la capitale de l’Assyrie, une nation militairement puissante qui embêtait constament les pays d’Israël et de Juda. L’équivalent moderne de notre voisin croche qui nous énerve constamment et qu’on voudrait aller engueuler, mais dont on a trop peur qu’il réplique avec ses poings. Et comme de fait, Jonas a peur, il veut éviter à tout prix cette mission. Peut être parce qu’il connait le sort des autres prophètes qui sont venus avant lui.
Mais Jonas décida de fuir à Tarsis, loin du Seigneur. Il se rendit à Jaffa, où il trouva un navire prêt à partir pour Tarsis. Il paya sa place et embarqua avec l'équipage pour aller à Tarsis, loin du Seigneur.
« Si je m’en vais à Tarsis, se dit-t-il, Dieu ne pourra plus me voir et je serai tranquille. Parce qu’il habite à Jérusalem, right? » Jonas n’avait pas dû bien écouter ses leçon de religion dans sa jeunesse car il semble ignorer que Dieu, eh bien, il est partout.
Alors Jonas s’embarque sur un bateau, qui a bientôt fait de se retrouver dans une tempête provoquée par Dieu lui-même. C’est la panique à bord, tellement qu’on jette de marchandises par-dessus bord pour essayer de garder le navire à flots. Mais Jonas ne réalise pas tout le mal qu’il est causé autour de lui par son inaction : il préfère dormir profondément dans la cale. Comme nous, il se bouche les oreilles… Chaque jour, en fuyant les principes de justice, on consomme comme des déchaînés, on pollue, on encourage l’exploitation et on cause la tempête dans la vie d’innombrables gens… mais on se cache dans notre cale préférant rien entendre. Jusqu’à ce que la réalité nous rattrape, d’une façon où d’un autre. Car même si nous ne l'écoutons pas Dieu continue sans cesse de nous parler. Il est inévitable que l'on finisse par réentendre sa voix. Cette voix peut se manifester de bien des façon : un malheur dans notre propre vie, un éveil spirituel, une intuition, une rencontre, une lecture, une expérience mystique, etc… Un événement peut, dans un très court laps de temps, venir changer notre perception du message de Dieu et nous relancer dans son service.
Le Seigneur envoya un grand poisson qui avala Jonas.
Ici, de façon bien métaphorique, c’est un grand poisson qui représente ce moment choc pour Jonas. Un poisson qui l’avale après qu’il eut été jeté par-dessus bord après que les matelots aient réalisé qu’il était la cause de l’orage. À l'intérieur de ce poisson, symbole de la détresse ultime, Jonas perçoit enfin la présence de Dieu dans sa vie et l'invoque dans cette belle prière.
Le Seigneur envoya un grand poisson qui avala Jonas. Durant trois jours et trois nuits, Jonas demeura dans le ventre du poisson. De là, il adressa cette prière au Seigneur, son Dieu :
Quand j'étais dans la détresse
j'ai crié vers toi, Seigneur, et tu m'as répondu ;
du gouffre de la mort
j'ai appelé au secours et tu m'as entendu.
Tu m'avais jeté dans la mer, au plus profond de l'eau.
Les flots m'encerclaient,
tu faisais déferler sur moi vagues après vagues.
Déjà, je me disais :
« Me voilà chassé loin de toi, Seigneur,
pourtant j'aimerais revoir ton saint temple. »
L'eau m'arrivait à la gorge. La mer me submergeait,
des algues s'enroulaient autour de ma tête.
J'étais descendu à la base des montagnes,
le monde des morts fermait pour toujours ses verrous sur moi,
mais toi, Seigneur mon Dieu,
tu m'as fait remonter vivant du gouffre.
Au moment où la vie me quittait, j'ai pensé à toi, Seigneur,
et ma prière est parvenue jusqu'à toi, à ton saint temple.
Ceux qui rendent un culte aux faux dieux
perdent toute chance de salut.
Mais moi, je chanterai ma reconnaissance,
je t'offrirai un sacrifice,
je tiendrai les promesses que je t'ai faites.
Oui, c'est toi, Seigneur, qui me sauves !
Sur un ordre du Seigneur, le poisson rejeta Jonas sur la terre ferme.
Dans mon prochain post, Jonas après la baleine!